mercredi 4 novembre 2009

Un carré dans un cercle

Le matin à l'hôpital, lorsque mon infirmière me demande comment je vais et que tout ce que je suis capable de répondre, c'est "bien" dans un flot spontané de larmes, elle me demande toujours : "Est-ce que tu te sens comme un carré qui essaie de rentrer dans un cercle ?" Et je trouve l'image tellement bonne que je réponds par l'affirmative en me remettant à pleurer de plus belle.

Ça se sent comment un carré qui essaie de rentrer dans un cercle ? Eh bien, ça se sent coincé, à l'étroit, mal quoi. C'est là que je commence vraiment à sentir ma vulnérabilité, ma fragilité. Et ma maigreur me renvoie l'image d'une femme malade qui a une longue côte à remonter pour reprendre le dessus sur l'ennemi.

Le message de la colère

Un après-midi la semaine dernière, j'ai eu la visite de la responsable du service des soins palliatifs. Elle s'est assise à côté de mon lit pour me parler en tête-à-tête. Sa première question était : "Josée, vis-tu de la colère ?" Je me suis mise à pleurer. Oui, je suis en colère, car la maudite maladie a pris le dessus pendant que j'avais le dos tourné cet été. (Vous vous rappelez ? J'étais occupée à déménager, peinturer, aménager, etc.) Je me suis faite avoir quand je pense à la chimio que j'ai pris pendant cette période-là qui non seulement n'a donné aucun résultat, mais elle m'a empêchée de poursuivre mon programme de médecine chinoise qui aurait très certainement pu ralentir les effets dévastateurs de cette maladie sournoise.

Je suis en colère aussi parce que j'ai ouvert une porte qui aurait dû restée fermée, car ça m'a fait perdre une quantité phénoménale d'énergie qui a, j'en suis sûre, permis à la maladie de s'installer encore plus profondément dans mes os et mon abdomen. J'ai mal évalué le risque que je prenais et j'ai perdu gros. Là aussi, je me suis faite avoir.


La "petite Josée" a de la peine

Sa deuxième question était : "Josée, as-tu de la peine ?" Et ma réponse spontanée fut aussi claire que la première fois : un flot de larmes s'est mis à couler.

Je me suis levée comme ça ce matin : incapable de ramasser mon sourire; les nuages étaient trop épais. Qu'est-ce qu'on fait dans ce temps-là ? Eh bien, j'ai décidé de ne rien forcer; d'accueillir le moment tel qu'il se présente. C'est une belle façon de prendre soin de moi.

C'est tout simplement plonger dans le moment présent et s'en faire l'observateur, le témoin. J'ai le goût de pleurer ? Je pleure. J'ai besoin de me refermer sur moi-même ? Je m'en donne la permission. Et je laisse le flot continu de pensées me traverser l'esprit sans tenter d'en attraper une au vol pour la ruminer; ceci ne ferait qu'alourdir ma peine. Mais s'il y en a une qui me suggère que je me sens inutile présentement dans ce monde, je lui donne raison et la laisse filer à nouveau.

Je suis fatiguée

Maintenant, c'est la fatigue qui me gagne. Il n'est que 10h du matin. Je dois donc écouter cet appel au repos et abandonner mon projet de terminer cette chronique. Je vous reviendrai bientôt avec la suite. D'ici là, portez-vous bien et gardez le sourire. ;o)))

Que Dieu vous bénisse.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonsoir Josée, tout d'abord je te fais des gros bisous et un gros calin virtuel et je voudrais que le vent d'automne te souffle à travers l'ouverture de ta fenêtre un air rempli de vie, ce vent d'automne qui sait faire danser et tournoyer les feuilles multicolores.
Chaque automne je découvre avec enchantement l'harmonie que vivent le vent et la feuille de l'arbre.
J'aimerai savoir trouver des mots réconfortants pour te tenir compagnie lorsque le sourire n'y est pas du tout.
J'attends avec impatience chaque article que tu viens déposer sur ton blog, à chaque fois, tu nous permets de cheminer, de grandir nous aussi vers ce qui est essentiel dans la vie.
Dieu merci, tu nous partages ton état d'esprit, ton ressenti et c'est touchant que tu aies tant d'attention pour nous qui te lisons. Tu respires la générosité et je t'en remercie au nom de tous ceux qui lisent ton blog.
De tout coeur avec toi,
Carole