mercredi 26 mars 2008

Le monde selon Ève

Les dernières heures de mars feront bientôt place aux beaux jours d'avril (un peu d'optimisme, ça fait beaucoup de bien !), et je tiens à faire un petit retour sur la place des femmes dans nos sociétés.

Plusieurs se demandent encore pourquoi on souligne encore la Journée de la femme le 8 mars, car pour eux, la situation des femmes aurait suffisamment évolué pour considérer qu'il n'est plus nécessaire de continuer leurs revendications d'égalité et d'équité. Eh bien, tant qu'on verra des écarts discriminatoires dans le traitement réservé aux femmes - pensons simplement à la notion d'équité salariale - il sera encore utile de souligner la valeur et la contribution des femmes aujourd'hui.

Le plus intéressant, ce sont les faits et idéaux qui sont ressortis dans un article intitulé "What the World Needs Now..." (Ce que le monde a besoin maintenant) paru dans le magazine "O" (Oprah Winfrey) du mois de mars 2008. L'auteure, Dee Dee Myers, qui fut la première femme occupant le poste de Press secretary à la Maison blanche en 1993, présente son point de vue sur le rôle des femmes dans l'avènement d'un monde meilleur. Elle s'est basée sur son expérience de travail auprès du président américain, Bill Clinton, pour la rédaction de son ouvrage à paraître en 2008 sur le sujet intitulé : "Why Women Should Rule the World" (ed. HarperCollins Publishers).

La leçon rwandaise

D'abord, elle parle du génocide survenu au Rwanda il y a une dizaine d'années. Elle dit que le "rétablissement" du pays et le pouvoir grandissant des Rwandaises sont très étroitement liés; les violences ont créé une nouvelle structure sociale, aussi nécessaire qu'indispensable, permettant d'espérer une réconciliation et un avenir en paix. Tandis que le pays se retrouvait avec une population démesurément féminine après ce terrible épisode de guerre, les femmes ont fait ce qu'il fallait faire : elles ont enterré les morts, guéri les blessés, et commencé à rebâtir la société commençant avec les centaines de milliers d'enfants devenus orphelins par les bains de sang. Aloisea Inyumba, une gouverneure rwandaise, a réussi à convaincre des familles d'adopter ces orphelins, peu importe leur origine tribale. "C'était comme demander à des Juifs de prendre soin d'enfants allemands après l'Holocauste."

Puis, le travail s'est poursuivi au chapitre des statuts et règlements du pays afin de donner aux femmes des droits de propriété et plus de contrôle sur leur propre situation financière et celle de leur famille. Puis, en 2003, les femmes se sont réunies pour restructurer la constitution du pays, ce qui leur a donné plus de droits et une place beaucoup plus importante au sein du gouvernement. Même si le Rwanda demeure un pays profondément patriarcal, la présence des femmes au sein des instances décisionnelles fait une différence.

Des atouts et des études

On mentionne dans cet article que les femmes semblent plus intéressées au consensus, moins consumée par les jeux politiques (souvent menés davantage par l'ego) et plus ouvertes à écouter le point de vue des autres. Ainsi, l'auteure croit qu'un nombre plus important de femmes à la tête des pays du globe ferait en sorte que ça irait mieux. Tout ne serait pas parfait, mais ça irait mieux.


On dit également que dans une récente étude du magazine américain Fortune, 500 compagnies ayant la plus forte représentation féminine au sein de leur conseil d'administration performaient significativement mieux financièrement : dont un retour sur l'investissement supérieur de 53 %, un retour sur les ventes supérieur de 42 % et un retour sur le capital investi de 66 %. Ces données se maintenaient sur l'ensemble des marchés, allant des biens de consommation aux technologies de l'information.

Sur le plan idéologique, les études confirment que les femmes en politique sont plus enclines que leurs confrères masculins à initier et à défendre des projets de loi qui valorisent la justice sociale et la protection de l'environnement, défendent la place des femmes et des familles et qui encouragent la résolution de conflit de façon pacifique. Et à l'échelle du globe, des études démontrent que les femmes qui gèrent le budget familial dépenseront généralement plus pour la santé, la nutrition et l'éducation (moins sur l'alcool et les cigarettes).

Et de l'intuition féminine

Jadis, on accordait autant de sérieux à l'intuition féminine qu'aux OVNI. Mais les chercheurs qui se sont penchés sur la question découvrent aujourd'hui que le phénomène aurait des racines physiologiques, que certains "feelings" sont basés sur l'habileté des femmes à traiter rapidement une variété d'indices aussi subtils qu'importants, et non sur des émotions irrationnelles. C'est pourquoi nous faisons confiance à notre "petite voix intérieure".

Un monde différent

Considérant que les femmes ont une façon bien à elles de mener leur vie, et ce, selon des priorités différentes que celles des hommes, celles qui prennent charge apportent à la vie publique une gamme différente d'expériences, d'habiletés, de talents et de forces. Ainsi, il est facile d'imaginer toutes les choses et les événements qui auraient été différents si une proportion plus grande de femmes avaient été impliquées dans les processus décisionnels, non seulement au cours des récentes années, mais durant l'histoire de l'humanité.

Pour toutes ces raisons, je suis en faveur de l'élection d'Hillary. Et vous ?

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