mardi 28 octobre 2008

Loup-garou à la sortie du désert

Cette histoire m'a été inspirée d'une aventure vécue. Je crois qu'elle peut tous nous toucher et nous apprendre à faire confiance à la vie et aux avenues du coeur. Bonne lecture !

Un jour, un homme rencontra, de façon tout à fait inattendue, le Seigneur. Celui-ci s’adressa à l’homme en ces mots :
« Mon fils, voudrais-tu prendre soin de cette brebis affaiblie pour faire la traversée du désert ? Si Je la laisse partir seule, de graves dangers la guettent et Je crains qu’elle ne puisse atteindre sa destination saine et sauve. Ta seule présence saura la soutenir suffisamment pour qu’elle puisse à nouveau brouter l’herbe fraîche de sa prairie verdoyante et ainsi reprendre vie.

« Si tu acceptes cette importante mission, je te récompenserai à chaque instant par ma bienveillante présence et je t’enrichirai d’une pluie de minutes étoilées que tu pourras conserver à jamais, tel un trésor précieux, au fond de ton cœur. Et lorsque des jours plus sombres viendront, tu pourras les contacter pour retrouver ta gaieté et la paix de l’âme.

« Si tu dis oui, tu pourras inscrire sur le tableau de tes réalisations personnelles, l’accomplissement d’une mission grandiose, car tu auras accepté de marcher dans mes pas pour sauver une de mes brebis préférées. »

L’homme, d’abord effrayé par une aussi importante mission, et un peu confus quant au rôle qu’on lui demandait de jouer, a finalement accepté de prendre un risque important par son engagement personnel, car il savait que son action serait salutaire.

Avec une dévotion sans bornes, il s’est mis en marche aux côtés de la brebis fragile en prenant soin de bien lire les panneaux de mise en garde qu’il rencontrait en chemin. Des dangers les guettaient assurément, mais il se disait fort et prudent. Puis, un jour, le Seigneur lui a servi, dans deux songes des plus limpides, un avertissement sérieux : les dangers d’un amour naissant étaient plus que jamais présents. Pourtant, l’homme ne l’a pas écouté; il se disait fort et prudent. Il n’allait certainement pas tomber dans le piège.

Lorsque le bout du désert s’annonça, à quelques kilomètres devant, l’homme a soudain eu peur : voyant que la brebis que le Seigneur lui avait confiée allait de mieux en mieux, il eut peur de la perdre. Il aurait tant souhaité que le désert ne finisse jamais, mais la prairie qui se profilait à l’horizon marquait la fin de leur voyage. La brebis, dès qu’elle pu humer le parfum délicieux de l’herbe fraîche, se mit à courir dans tous les sens pour sentir qu’elle avait échappé au danger et qu’elle était bien vivante. Elle était aussi fort heureuse de redire bonjour à ses nombreux amis longtemps perdus de vue. La brebis était au comble du bonheur, et l’homme, lui, était un peu triste bien qu’il savait qu’il avait bien rempli sa mission.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Non loin de là se cachait un loup-garou qui menaçait davantage l’homme que sa protégée, car il ne s’en méfiait aucunement. Ce fauteur de troubles nocturne allait bientôt n’en faire qu’une bouchée et lui arracher d’un coup de crocs tous les trésors accumulés en chemin. Non seulement l’homme risquait-il de perdre sa brebis, mais également de dilapider en un instant les doux souvenirs partagés pendant cette aventure divine.

Le loup-garou bien déguisé s’approcha sournoisement de l’homme et, lorsqu’il fut à distance de voix, lui suggéra cette idée malicieuse : « Hey, mon ami, ne te laisse pas faire comme ça… Ne trouves-tu pas que tu as été piégé dans toute cette histoire ? Regarde : Après avoir donné le meilleur de toi-même à la belle brebis, maintenant qu’elle a retrouvé sa prairie, elle t’abandonne. »

Le loup-garou avait le tour d’infliger les plus cruelles blessures à sa proie en empruntant les mots les plus destructeurs, bien que ceux-ci puissent être totalement étrangers à la réalité. La bête avait, en effet, le pouvoir de brouiller les plus beaux horizons pour atteindre son but : anéantir l’œuvre du Seigneur et s’emparer des trésors de ses sujets. Et elle avait plus d’un tour dans son sac; toutes les avenues étaient bonnes pour atteindre sa cible.

Plus tard, quand la brebis vit s’approcher l’homme défiguré par l’œuvre du loup-garou, elle comprit, le cœur serré, que le danger était bien réel. Bien qu’elle en ait été très consciente, elle ne pouvait que s’en désoler, car elle savait qu’elle ne pouvait rien pour sauver l’homme à présent. Tous les efforts qu’elle avait judicieusement investis pour lui éviter des blessures au cœur dans la fin de ce périple étaient vains maintenant, car l’homme était tombé entre les griffes de l’animal maléfique. Lui seul avait le pouvoir, s’il le désirait, de s’en retirer.

C’est à partir de ce moment que la brebis comprit qu’elle avait perdu son pari et son ami. Elle devait à présent regarder devant pour réaliser sa propre mission. Elle confia donc son protecteur aux bonnes grâces du Seigneur afin que celui-ci le guide hors de sa zone de danger et qu’il retrouve un jour son propre bonheur et son harmonie intérieure.

Amen !

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