jeudi 17 avril 2008

Coucher de soleil sur les glaces du printemps

Avec le retour du beau temps sont revenues les belles soirées au bord de l'eau dans mon parc d'Ahuntsic.

Hier soir, à l'heure où je regarde normalement Virginie à la télé, j'ai choisi d'aller prendre l'air pour admirer le coucher de soleil au bord de la rivière. En arrivant près de mon site favori, sous un grand saule vieux de 100 ans sûrement, j'aperçois un jeune homme qui joue de la guitare assis face au soleil couchant. Je m'installe derrière lui sur une table de pique-nique pour profiter pleinement du spectacle qui s'offre à moi dans la spontanéité du moment présent. Je regarde dériver les glaces, telles des mini icebergs et des banquises brisées, sur la rivière gonflée par la crue printanière. Je réalise que c'est la première fois que j'ai la chance de voir une rivière se débarrasser de ses glaces et je trouve ça magnifique, inspirant.

J'essaie de faire des liens avec les passages de nos vies. Quand un épisode éprouvant est terminé, comment laissons-nous aller les glaces ? Souvent, bien tristement, on les traîne avec nous par les regrets et la rancoeur. Ceci me rappelle une petite histoire de canards. Eckhart Tolle, l'auteur du Pouvoir du moment présent, racontait, dans le cadre de son séminaire sur web présentement en cours avec Oprah, qu'alors qu'il était à l'écriture de cet ouvrage, il prît une pause pour aller marcher dans un parc près de chez lui. Assis sur un banc devant l'étang, il observait deux canards qui se chamaillaient agressivement (sans doute pour une femelle...). Puis, lorsque leur engueulade fut terminée, les deux canards se sont levés sur l'eau, presque debout, pour se secouer les ailes vigoureusement, comme pour les libérer de cette agressivité et de l'énergie négative qui se dégageaient de leur prise de bec. Puis, ils sont redevenus calmes et paisibles. La leçon des canards veut nous démontrer l'effet bienfaisant de la magie du moment présent.

Et dans ce moment présent que je goûtais, hier, au bord de l'eau, je n'étais pas seule. Beaucoup étaient aux premières loges de la scène qui se dessinait devant nous sous les projecteurs orangés du crépuscule.

Toujours sous mon arbre préféré, j'écoute la musique du guitariste qui se laisse inspirer par la beauté de cette nature qui s'éveille à nouveau. Puis, je prends conscience du privilège que j'ai de faire partie de ce tableau. Mon esprit va rejoindre momentanément des habitants d'un pays lointain où il y manque de tout : eau, nourriture, médicaments, etc. Je remercie le Ciel de ma chance et j'envoie mes bonnes pensées à ces frères et soeurs inconnus qui ne demandent qu'une chose : survivre à la misère dans laquelle ils sont plongés tous les jours avec l'espoir d'une vie meilleure.

À cette pensée, le lieu prend des couleurs plus vives; il est encore plus beau que toutes les fois avant où je le faisais mien sans réaliser la valeur inestimable du cadeau que la vie m'offrait. Est-ce le sens à donner à l'expression : "Le malheur des uns fait le bonheur des autres." ? En tout cas, moi, je réalise que quand je prends le temps de m'arrêter pour prendre conscience de ma situation privilégiée, mon bonheur est amplifié et goûte meilleur. Et je rends grâce.

Bon printemps !

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