mercredi 6 février 2008

Terminus 38-34

Cette chronique aurait pu s'intituler : "Quand la vie s'arrête trop vite".

J'ai été profondément touchée par l'histoire de mon ami venu de l'autre bout du monde il y a plus de six ans pour vivre avec celle qu'il aime : une Québécoise qu'il a connue alors qu'il était artisan et marchand de bijoux dans son Cachemire natal. Cet être très attachant qui aime la vie et qui s'investit énormément et avec coeur pour s'intégrer à notre belle société doit maintenant apprendre à vivre sans sa douce... elle est décédée subitement la semaine dernière. Elle avait 38 ans, et lui, 34.

Personne n'aurait pu soupçonner que cette jeune femme pleine d'énergie était menacée par un mal aussi mystérieux que sournois : une forte fièvre l'a conduite à l'hôpital et trois jours plus tard, elle rendait l'âme. J'ai peu de détails sur les circonstances médicales de ce décès, mais il est clair que le terminus est arrivé pour elle avant même qu'elle ne prenne son billet de train. La vie s'est arrêtée beaucoup trop tôt... pour les deux.

Bien sûr, mon ami est toujours de ce monde, mais sa vie s'est arrêtée en même temps que le coeur de sa douce épouse. Il s'en sortira sans aucun doute, avec le temps, mais cette histoire nous rappelle combien la vie est précieuse tant elle est fragile.

Et dans la même journée, je me rendais à l'hôpital pour une prise de sang en prévision de mon traitement d'aujourd'hui. À mon arrivée, j'ai rencontré un jeune couple qui sortait avec un petit bébé tout neuf et tout fragile. La vie continue... Pourtant, dans mon coeur, la tristesse régnait. Beaucoup de tristesse. Et ce n'est qu'en soirée, dans le cadre de mon cours de Qi Gong, alors que j'étais davantage à l'écoute de mon univers intérieur, que j'ai réalisé que cette histoire m'avait affectée plus profondément encore... Elle m'avait tout simplement jetée par terre. Moi qui lutte avec grande foi et avec tant d'ardeur pour rester accrochée à la paroi rocheuse sur laquelle je me balance, au-dessus du vide, depuis plus de deux ans et demi maintenant.

Mon imagerie mentale me ramenait une vision : une grande rafale de vent qui emporte une femme apparemment solidement ancrée au sol pour la projeter dans l'abîme. L'abîme ; c'est aussi le grand gouffre dans lequel mon ami est tombé lorsqu'il a vu sa douce partir ; il voulait tant la rattraper, la garder auprès de lui. Impuissant, il a pourtant dû se résigner à accepter la cruauté du sort. Heureusement, il a la foi. Sans doute que son deuil pourra être allégé et vécu plus sereinement à l'idée de pouvoir la retrouver un jour dans l'éternité de l'Amour. En attendant, il pourra toujours la rejoindre au creux de son coeur, une fois retranché dans sa paix intérieure à l'abri des regards et de ce monde qui bouge si vite.

J'avoue que ce soudain revers de la vie a amené un gros doute dans ma tête sur mon réel pouvoir de guérison et m'a très momentanément donné le goût d'abandonner, car la vie, semble-t-il, a toujours le dernier mot. Mais rassurez-vous, je ne lâcherai pas; je n'ai pas le droit. J'ai plutôt le devoir de guérir pour réaliser mes projets de vie et ainsi apporter ma contribution à mon époque.

Et ce nouvel épisode nous rappelle combien il est important de vivre chaque moment intensément dans son coeur, en remerciant la vie de tant de beauté et de générosité (qu'on voit trop peu, hélas!). Et que dire du lien qui nous unit à nos proches ? Exprimer souvent et sincèrement, dans des mots clairs et simples, notre appréciation aux personnes qui savent si bien, à leur façon, enrichir notre vie. Leur exprimer par des marques d'amour, d'amitié, des petits gestes de générosité, c'est ça vivre intensément.

Joyeuse VIE !

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