vendredi 9 mai 2008

Spiritualité 201

Pourquoi 201 plutôt que 101 ? Parce que nous vivons déjà tous, à différents degrés et selon une multitude de formes souvent bien personnelles, une certaine spiritualité, avouée ou non. Ainsi, nous ne partons pas de zéro, même si notre pratique peut sembler insignifiante ou inexistante. Cependant, pour mieux faire face aux aléas de la vie (transition majeure, pertes diverses, souffrances, etc.), il est parfois nécessaire de passer à un niveau supérieur. Souvent, quand le besoin se fait sentir, les moyens nous sont fournis comme par magie : nous rencontrons des personnes bien branchées qui deviennent des guides, nous mettons la main sur des lectures inspirantes, nous faisons des prises de conscience importantes, etc. La spiritualité fait partie de notre vécu, qu'on le veuille ou non.

Dans le numéro du mois de mai de "O" Magazine (Oprah), on y consacre tout un dossier afin d'approfondir cet aspect de la vie. D'abord, Martha Sherrill, dans son article intitulé "Welcome to the Banquet", trace un portrait du vent de spiritualité qui balaie le continent. En effet, l'Amérique est au coeur d'une réémergence spirituelle qui se manifeste par la quête de sens de millions de personnes.

Le banquet, c'est la représentation de la multitude de formes que peut prendre la pratique de la spiritualité, que ce soit par la méditation, le yoga, la prière, une retraite de compassion, un pèlerinage dans un ashram, etc. C'est ce qui est nouveau : les gens affirment qu'ils veulent se brancher sur le sacré mais qu'ils veulent le faire selon leurs propres conditions - soit dans un mode qui honore qui ils sont en tant que personnes réfléchies et capables de discernement et qui tient compte de leur vie au quotidien.

L'auteure ajoute : "La tendance vers une spiritualité est réelle ; elle est simplement difficile à cerner parce qu'il n'y a pas d'église de la spiritualité." On note, entre autres, que le livre de Elizabeth Gilbert, Eat, Pray, Love* relatant son pèlerinage d'un an à travers le plaisir en Italie (Eat), la foi en Inde (Pray) et l'équilibre en Indonésie (Love), s'est vendu à près de cinq millions d'exemplaires. On a aussi vu des Marines en Iraq faire des salutations au soleil. Et puis, il y a aujourd'hui tout un marché pour des voyages à caractère spirituel. (On pense notamment au chemin de Compostelle devenu très populaire, aux nombreux pèlerinages en Inde, au pays des ashrams, sans parler des voyages humanitaires qui visent essentiellement à vivre une expérience d'entraide dans des pays en voie de développement.) On cherche de plus en plus un sens à son existence et à faire une différence autour de soi.

Arielle Ford, une spécialiste des tendances sociales affirme : "Il y a une nouvelle attitude qui unit plusieurs mouvements à la fois. Les gens se tournent maintenant vers quelque chose d'extérieur à eux et de plus grand : une façon de vivre sur Terre qui fait preuve de conscience sociale et d'éveil spirituel. C'est très différent d'il y a dix ou vingt ans. Le mouvement Nouvel Âge et ce qu'il est devenu, un soi-disant mouvement de croissance personnelle, était vraiment orienté et concentré sur le soi (l'individu). Aujourd'hui, nous cherchons plus l'unité, pour la connexion et la communauté. Nous voulons prendre soin de la planète et nous nous demandons Quelle est ma mission?"

On dit que le premier pas dans une quête de sens est de se poser la question. Et on croit que le centre de toute vie spirituelle n'est pas la foi mais plutôt un doute fructueux, celui qui motive et stimule la quête. Selon une journaliste du Washington Post qui a lancé un blog sur le sujet de la foi (qui a dépassé toutes attentes en terme de popularité), les gens veulent interagir d'une façon plus profonde et parler de choses qui comptent vraiment.

En conclusion, je vous propose cette réflexion d'un grand philosophe religieux, Martin Buber : "Quand deux personnes entrent en relation de façon authentique et humaine, Dieu est le courant électrique qui surgit entre elles."

À suivre...

* J'ai parlé de ma lecture de ce livre dans les chroniques du 15 janvier (Au bout de l'arc-en-ciel), du 24 janvier (À quel âge vous sentez-vous aujourd'hui ?) et du 4 février (Où est la grille ?)

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