lundi 2 juin 2008

L'histoire du voleur béni

Cette histoire illustre parfaitement bien le principe exposé dans "La grande Mosaïque" (paru le 29 mai dernier sur ce blogue) selon lequel ce que je fais à l'autre, je me le fais à moi-même, unis dans le même esprit. Elle met en vedette ma mère, mais ne lui dites pas, car elle déteste ça avoir le "spot" sur elle !

Enfin, il y a quelques années, elle devait venir à Montréal pour une journée de congrès de nature religieuse. Elle est très pieuse et aussi impliquée dans sa communauté à servir la cause de la spiritualité. Elle m'avait informée qu'elle comptait venir en autobus de Sherbrooke pour descendre au terminus du centre-ville aux alentours de 18h. Puis, elle prendrait le métro pour se rendre à sa destination finale à Notre-Dame-de-Grâce, une dizaine de stations plus à l'ouest.

Je n'aimais pas beaucoup l'idée de la savoir se promener seule en ce samedi soir d'hiver, mais comme j'habitais près de Terrebonne à cette époque, à plus de 45 minutes de voiture du centre-ville, elle refusait que je me déplace pour aller à sa rencontre. "Après tout, me dit-elle, il ne sera pas tard." Je me suis résignée à l'idée.

Vers 20h ce même soir, Maman me téléphone; elle avait été agressée sur la rue par un homme qui lui avait volé son sac à main. Elle était dans tous ses états et, en plus, ses pilules pour le coeur étaient, bien sûr, dans la fameuse sacoche. Elle n'a pas été blessée dans cette aventure et des témoins de la scène, deux hommes et une femme, lui ont porté secours. Eux se sont mis aux trousses du voleur et elle l'a réconfortée du mieux qu'elle a pu. Maman se trouvait alors à deux minutes du Centre où elle allait. Rendue à destination, elle a reçu l'attention et les soins appropriés et une infirmière a réussi à lui procurer une quantité de pilules à la pharmacie du coin. Mais ma mère n'avait plus d'argent.

En terminant la conversation, elle me dit qu'elle n'avait pas informé mon père pour ne pas l'énerver, qu'elle allait mieux et qu'elle m'attendrait le lendemain à la fin de sa journée, tel qu'entendu, car je devais la ramener chez elle.

Toute cette histoire m'a bouleversée et je dois dire que je ressentais un peu de culpabilité de l'avoir laissée à elle-même pour se déplacer en ville. Et déjà, je pensais à remplacer son sac à main avec un sac que j'avais à la maison. "Au moins, elle ne se sentirait pas trop démunie", me disais-je.

Le dimanche après-midi, j'étais à la maison avec ma nièce à faire un peu de couture en attendant l'heure de partir. Vers 14h, le téléphone sonne : "Bonjour, Madame ! Ici, la police de Dorval... Nous avons retrouvé le sac à main de votre mère. Pourriez-vous venir le chercher ?" (Ils avaient d'abord téléphoné à mon père qui, le pauvre, n'était au courant de rien...)

WOW !!! Comment se fait-il que le sac revienne si vite dans le paysage ? Il fallait que j'aille le récupérer vite avant d'aller chercher ma mère et je n'avais pas une minute à perdre. Le temps de tout ranger, faire le trajet Terrebonne-Dorval (env. 60 km), revenir ensuite à Ville St-Michel, dans le nord de la ville (un autre 30 km). Ouf !

Au poste de police, après avoir récupéré le sac, je tentai de trouver un numéro de téléphone pour rejoindre ma mère qui aurait à attendre au moins une demi-heure de plus le temps que j'arrive. En fouillant dans son sac, je trouve dans une poche un chapelet. Avec un sourire amusé, je regarde le policier en lui demandant: "Savez-vous pourquoi on a retrouvé le sac ?" Puis, je lui montre le chapelet. Nous avons bien ri.

Finalement, nous prenons, ma nièce et moi, la route vers Ville St-Michel et arrivons vers 17h, soit trente minutes après la fin de la journée. La cour d'école est vide et ma mère est seule à l'intérieur surveillant mon arrivée. Elle a l'air d'une enfant qui attend désespérément ses parents à la garderie. Mais elle avait toute de même été avisée de mon retard.

Avant de descendre de l'auto, je dépose le sac sur le siège du passager, où elle prendra place. Ensuite, je vais la chercher pour l'accompagner à l'auto. Lorsqu'elle aperçoit son sac, c'est le choc : elle fait un pas en arrière tant la surprise est grande et me regarde les yeux pleins d'interrogations : "Josée, mais comment t'as fait ça ? C'est ma sacoche ?"

Toute fière, je ris de la voir si étonnée. Puis, elle éclate en sanglots et me dit : "J'ai prié toute la nuit pour ce gars-là." En vous le racontant, j'en ai encore des frissons. Elle faisait un lien direct entre ses prières de bonnes intentions pour le malfaiteur et le retour de son sac. Évidemment, la première chose qu'elle a faite a été de fouiller son sac pour en faire l'inventaire : tout était là et intact sauf 60$. Il lui avait même laissé 15$ (cachés dans un petite pochette), qui lui permettraient de rembourser les pilules que l'infirmière avait achetées pour elle.

Vous vous demandez sans doute quoi comprendre dans cet événement bien spécial. Voici ce qu'on dit dans "L'Amour sans conditions" de Paul Ferrini (éd. Le Dauphin Blanc, 2006, p. 110) :
"Cet être désespère peut-être encore plus que toi de recevoir l'amour et le pardon. Vas-tu les lui refuser ? Il a souffert très profondément. Il a grandi sans re. Il s'est adonné aux drogues depuis qu'il a neuf ans. Et il a vécu dans un milieu où il ne s'est jamais senti en sécurité. Ne ressens-tu pas un peu de compassion pour l'enfant blessé dans l'homme qui a commis le crime ? (...) C'est l'enfant blessé qui frappe, pas l'homme."

Ainsi, ma mère avait compris cela et elle avait éprouvé de la compassion pour l'être qui était tellement perdu dans sa vie qu'il a dû voler pour "survivre à sa misère intérieure". Et l'Univers a fait le reste.

Alléluia !

Pour approfondir le thème, relire "Énergie : Quelle fréquence syntonisez-vous ?" (paru le 25 avril 2008) et "Compassion 101" (paru le 14 février 2008)

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