lundi 12 octobre 2009

Avis important aux sceptiques

Douloureuse prise de conscience

Hier soir, j'ai fait un mégaflash. J'étais couchée dans mon lit, toujours aux soins palliatifs de l'Hôtel-Dieu de Sherbrooke, et je venais de recevoir la panoplie de médicaments et de calmants nécessaires à mon soulagement présentement : injections sous-cutanées pour la douleur et la nausée (j'ai quatre cathéters plantés dans les cuisses pour ça, une autre injection intraveineuse pour le Gravol contre les nausées et autres médecines administrées par les veines, une patche sur l'épaule pour la douleur, un suppositoire pour je ne sais plus quoi, des comprimés variés pris par la bouche encore pour la douleur et la stabilisation de l'estomac et du système digestif en général, etc.). J'ai l'air d'un arbre de Noël. Et pour couronner le tout, hier, on a dû me poser un soluté qui doit me suivre partout accroché sur un poteau qui date de 1930* et qui pèse trois tonnes -- ils veulent être bien certains que je ne me sauve pas -- et auquel je dois aussi penser à accrocher mon sac d'urine, car j'ai aussi une sonde pour aider ma vessie à se vider -- elle est devenue paresseuse, on en ignore toujours la cause.

Dans la prise de conscience qui m'a frappée hier au coucher, je me disais que ça n'avait pas d'allure d'être obligée de me soumettre à tout ça et je me demandais comment je ferais pour m'en débarrasser une fois rendue à la maison. Puis, j'ai revu en images tous les produits qui composaient mon programme de médecine naturelle (nutrition et suppléments alimentaires), élaboré spécifiquement pour mon cas par une naturopathe chinoise qui a une longue expérience, et j'en faisais l'inventaire thérapeutique : tel comprimé pour réduire l'acidité, tel autre pour maintenir la régularité intestinale, etc. J'en avais une vingtaine à prendre trois fois par jour, plus le matin, moins le soir. À cela venait s'adjoindre un plan de nutrition personnalisé composé d'aliments sains, biologiques et nutritifs adaptés aux particularités et aux contraintes de mon système digestif malade.

Et là, j'ai clairement reconnu l'efficacité de ce programme que j'ai suivi rigoureusement d'août 2008 à janvier 2009. À partir ce de moment-là, j'ai commencé à avoir un relâchement côté rigueur. Je commençais à être lasse de manger souvent la même chose, je reportais constamment la prise de comprimés -- ça devenait une tâche de tous les avaler à chaque repas -- et cela, je crois, s'expliquait par le fait que j'étais épuisée de la chimio qui se poursuivait sans arrêt depuis le mois de juillet précédent. En ce sens, mon niveau d'anémie s'aggravait et le taux de globules blancs chutait aussi. Nous étions en plein milieu de notre hiver québécois et je sentais que je manquais de support de mon entourage pour maintenir la rigueur nécessaire à la poursuite de mon plan de traitement alternatif (les gens préfèrent souvent nous voir manger ce que l'on aime plutôt que de suivre un régime sévère qui peut leur sembler ardu et restrictif).

Période éprouvante et découragement

J'étais un peu découragée. Et c'est dans cette période de fin d'hiver, entre janvier et avril, que la maladie a commencé à donner des signes de vigueur... en avril, les résultats du scan étaient décevants. Tandis que mon oncologue attribuait ces résultats à l'inefficacité de la chimio (à un certain moment, le corps s'y adapte, ce qui ouvre une porte à la progression de la maladie), moi je pouvais facilement pointer les lacunes de mon programme dans sa globalité (négligence au niveau nutritionnel et des suppléments, déprime hivernale, épuisement général du système immunitaire détecté dans les résultats d'analyses sanguines, vécu émotionnel plus difficile, etc.). Mon médecin en doutait, mais, moi, je savais. Le pire, c'est que je n'ai pas réagi avec toute la vigueur requise par le revirement subi que la situation nécessitait (j'étais sans doute encore un peu sceptique). J'ai plutôt choisi de m'appuyer sur un nouveau protocole de traitement de chimio en comprimés qui, j'en avais été avisée par l'oncologue, présentait peu d'espoir de guérison. On en attendait, à tout le mois, un ralentissement de la progression des masses.

Avancer quand même

Et puis, j'avais d'autres projets : celui de déménager en Estrie avec mon copain d'alors. Je me souviens très bien, en mai, j'étais encore très affaiblie par la série de 15 traitements de chimio reçus pendant plus de la moitié de l'année, je n'arrivais pas à faire mes boîtes. J'avais des projets, mais ma condition ne me permettait pas de les réaliser. Bref, je me suis fiée à une chimio douteuse plutôt que de reprendre du service dans mon programme de soins alternatifs qui avait déjà largement démontré son efficacité au cours des trois années et demi précédentes. (En mai dernier, j'ai abordé cette question dans quelques-unes des chroniques publiées alors. Je vous invite à les relire pour en savoir plus sur ce programme de guérison peu ordinaire.) Par ailleurs, je continuais de visiter mon ostéopathe chaque deux semaines. Ces visites aussi servaient à calmer ma conscience. (Je continuais à fermer les yeux sur ma négligence.)

Grand bouleversement

Début juin, c'est le grand déménagement. Comment j'ai fait, je ne le sais pas ? Tout ce que je sais, c'est que cette opération m'a propulsée dans un épisode de trois mois de "travaux forcés" qui ont aggravé ma négligence côté santé. Bien que je prenais fidèlement mes comprimés de chimio (cela apaisait ma conscience, encore une fois), je mangeais ce que je pouvais ayant beaucoup moins de temps pour la préparation des repas, je ne prenais plus mes suppléments alimentaires (notons que ces derniers pouvaient entrer en interactions négatives avec la chimio), je travaillais fort et dormais peu en raison des douleurs au dos qui s'accentuaient au fil des jours et des semaines (la maladie s'installait dans le dos). De plus, j'étais complètement déstabilisée par les nombreux mouvements de ma vie (lire Sérénité entre deux vies paru en juillet dernier pour plus de détails) et je vivais un stress émotionnel énorme lié aux conflits qui marquaient la fin de ma relation amoureuse.

Je me suis mise la tête dans le sable, car je n'avais ni le temps ni les conditions nécessaires pour respecter les très nombreuses exigences de mon plan de guérison. Et, dans cet état de survie que j'avais moi-même provoqué, je me disais : "advienne que pourra", justement parce que j'étais en survie et que je ne voyais vraiment pas comment je pouvais m'en sortir autrement qu'en mettant les bouchées doubles pour retrouver rapidement une stabilité de vie essentielle au retour de l'harmonie dans ma vie.

Quand, enfin, j'ai eu complété (à 80%) mon installation dans mon nouveau chez-moi au bord de la rivière, j'ai reçu le triste verdict de l'oncologue : "Il n'y a plus rien à faire. Nous en sommes rendus aux soins palliatifs." Il a prononcé ces mots non sans un certain trémolo dans la voix.

Beau jeu pour la maladie

"Merde, je me suis faite avoir ! La maudite, elle m'a eue !" fut ma réaction profonde et intime. Et la prise de conscience a débuté. Mais il me restait encore une carte dans mon jeu : un voyage au Pérou (dont je vous ai déjà glissé un mot dans une chronique précédente) sur invitation spéciale de mon thérapeute pour recevoir des soins d'une médecine ancestrale composée de traitements d'ostéopathie, de concoctions de plantes et autres méthodes que j'ignore. J'étrais prête à partir lorsque la sub-occlusion intestinale m'a forcée à plutôt me rendre à l'urgence en ambulance. "Merde, elle m'a encore prise de court, la maladie !"

Puis, une fois rendue ici, j'ai réalisé que j'avais été avalée par un système de médecine traditionnelle qui soigne à sa façon à l'aide de produits chimiques de toutes natures et qu'une fois rendue dans ce système-là, j'aurais beaucoup de mal à retourner à mes méthodes alternatives. Les médecins me suivront de près et s'assureront que je prenne mes médicaments et que je leur fasse rapport régulièrement.

Hier soir, j'ai tout vu ça et j'ai enfin pu reconnaître que tous les produits naturels que j'ingurgitais chaque jour jouaient effectivement un rôle crucial dans le maintien de ma condition et surtout dans mes espoirs de retour à la santé. Pourquoi avoir douté ? Parce que, je crois, les produits naturels n'agissent pas aussi rapidement que les médicaments chimiques. Il nous est donc moins facile de faire des liens entre le fait de les prendre et le soulagement de nos divers maux. Ceci s'ajoute, bien sûr, à tous les mythes et fausses idées qu'on entretient à l'égard des médecines alternatives et produits naturels.

La preuve est faite

Ma pénible expérience démontre clairement que tous les efforts que j'ai déployés au fil des quatre dernières années dans mon programme de santé, dans ma recette à moi, ont donné des résultats. Pourquoi ai-je dû me rendre jusqu'ici pour en être certaine? On parle parfois d'autosabotage. C'est possible que dans l'épuisement général, on se laisse aller aux forces négatives qui nous habitent et qu'on laisse les "mauvaises langues" influencer nos choix. Car, admettons-le, lorsqu'on s'engage sur une voie nouvelle, à contre-courant des façons de faire habituelles, on a besoin d'énormément de courage et de force de caractère pour atteindre notre objectif.

Un jour à la fois

Pour répondre à la question que je me pose, à savoir comment je ferai pour retourner à mes propres avenues de guérison, je dois prendre les choses un jour à la fois. D'abord reprendre la forme (d'ici un jour ou deux) pour me débarrasser de mon poteau en me remettant à manger normalement, puis sortir d'ici pour retrouver mon environnement bienfaisant au bord de la rivière (et réentendre le ronronnement de mon fidèle compagnon qui m'attend avec impatience). Ensuite, je verrai quels sont les médicaments qui me seront prescrits pour la suite et je discuterai ouvertement avec mes médecins afin d'arriver à faire une transition qui ne nuira pas à ma condition.

Sur le chemin de la guérison

C'est certain que les remords et les regrets veulent pointer et venir me tourmenter. Je devrai donc lutter fortement pour les chasser, puisque si je crois vraiment à la vie, j'ai beaucoup à faire. En effet, dans ce "mouroir" où je me trouve (ne nous le cachons pas), la vie est très fragile et l'espoir se mesure au compte-gouttes. Je m'efforcerai de maintenir un environnement joyeux (grâce notamment aux fleurs qui embellissent ma chambre), à me recueillir dans mon coeur où Dieu m'attend pour m'accompagner sur le chemin de la guérison.

Cette chronique est longue, mais très importante. Merci d'avoir pris le temps de la lire.

Bonne journée ! Profitez bien du soleil qui est revenu ce matin.


*Je viens d'apprendre que le fameux poteau qui me transporte mon soluté est neuf !!! Il est en fonte pour plus de poids au sol, car les autres plus modernes tombaient. Eh bien !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci Josée de nous ouvrir ton coeur de façon si généreuse car, nous ne nous connaissons pas et à travers ton blog, tu nous offres, à nous tes lecteurs "anonymes" de partager des choses très très importantes dans ta vie. Je suis profondément touchée par ton témoignage. Tu nous acceptes dans ta vie sans nous connaitre. MERCI.
Ca me fait du bien de savoir qu'à notre tour, par le fait de te laisser quelques commentaires, cela t'aide beaucoup.
Alors que je viens de lire un bel article sur un site, je t'envoie le lien car je n'ai pas pu faire de copier coller.
Te voila rendue à te questionner sur le bien fondé de cette intrusion de traitements, oui, c'est compréhensif. Je pense que c'est effectivement très important que tu te poses ces questions. J'espère que tu trouveras les réponses en toi et une bonne discussion avec les médecins si tu as ton mot à dire dans la prise du traitement. C'est TON CORPS, pas le leur.
De tout coeur avec toi,
Carole

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