mardi 12 août 2008

Grugée par la colère

Depuis le début de ma démarche de guérison, mes thérapeutes ne cessent de me répéter au sujet du mal qui me ronge : "C'est de la colère refoulée..." Je n'ai jamais rien compris à ça. Moi, de la colère ? Ben voyons ! Je suis une "petite fille sage" qui ne s'emporte pratiquement jamais...

Récemment, lorsque je suis allée voir une nouvelle ostéopathe pendant l'absence de mon thérapeute habituel, elle aussi m'a parlé de colère. J'ai donc décidé d'aller au devant de cette émotion ignorée et niée pour voir de quoi elle avait l'air et ce qu'elle avait à me dire. J'ai choisi de faire un travail d'art-thérapie avec l'aide d'un outil merveilleux dans lequel on trouve une foule d'exercices à faire sur différents thèmes : Le Journal créatif - à la rencontre de soi par l'art et l'écriture (Anne-Marie Jobin, éd. du Roseau, 2002).

En consultant le thème de la colère, j'ai trouvé un exercice fort intéressant : il s'agissait d'écrire 50 affirmations différentes commençant par "Je suis en colère quand..." Je ne me suis pas rendue à 50; j'étais trop en colère !!! ;o) Mais de me rendre à 25 a été suffisant pour me mettre en contact avec le volcan qui gronde à l'intérieur et pour sentir ses vibrations dans toutes mes cellules.

  1. Je suis en colère quand je suis témoin d'un manque de savoir-vivre et de l'arrogance.

  2. Je suis en colère d'être toujours dans cette lutte qui m'empêche de réaliser mes projets de vie.

  3. Je suis en colère quand je vois de l'injustice ou de la violence, surtout auprès des personnes vulnérables.

  4. Je suis en colère lorsque...

Beaucoup de colère au sujet de choses qui me touchent de près ou de loin et face auxquelles je me sens impuissante.

Démasquer la colère

Une fois le travail d'écriture terminé, nous sommes invités à représenter la colère dans notre corps en dessinant d'abord une silhouette. Dans mon illustration, le volcan est apparu en premier dans mon ventre. Il crachait fort du feu et de la lave qui ne trouvaient pas de porte de sortie, car l'expression était bloquée au niveau de la gorge. ("On ne peut pas exprimer de la colère; ce n'est pas beau..." a-t-on appris un jour.) Le feu retourne donc au centre du volcan pour l'alimenter de plus belle. Le coeur est coincé, la gorge est nouée, la pression est forte à l'intérieur et, malgré tout, j'affiche un air joyeux avec un léger sourire... (pour ne pas montrer la colère). Enfin, je prends le soin de me dessiner une paire de verres fumés, car pour limiter la pression, je dois fermer les yeux sur certains aspects de la vie.

Ouf ! pas joli. Qu'est-ce qu'on fait avec ça maintenant ? Pour terminer l'exercice d'art-thérapie, on nous recommande de se dessiner ensuite quelque chose d'apaisant. J'ai choisi un jardin. Mais tout n'est pas réglé pour autant, car la vie va continuer de me présenter des histoires d'horreur qui viendront me toucher et alimenter ma colère. C'est comme un cercle sans fin. Il doit bien y avoir une solution !

Le Dr. Daniel Dufour s'est penché sur cette question dans son livre intitulé : Les tremblements intérieurs (éd. de l'Homme, 2003). On peut lire à l'endos de l'ouvrage :

"Pour l'homme ou la femme qui souffre, la maladie est un message du corps. Si ce message est pris en compte, la guérison et le bien-être peuvent s'installer. Les causes profondes et réelles de la maladie sont des émotions non vécues qui s'apparentent aux tremblements d'un volcan sur le point d'entrer en éruption. Reconnaître ses émotions, les accepter et les vivre avant qu'elles ne nous submergent, c'est choisir de rester en bonne santé ou de guérir. Pour y parvenir, le Dr. Daniel Dufour nous entraîne sur le chemin du respect de soi et d'autrui, point de départ indispensable pour s'ouvrir aux autres et à la vie."


Maintenant que mon thérapeute est revenu de vacances, je me promets de lui parler de cette colère que j'ai finalement reconnue et admise. Il doit m'aider à l'exprimer et à mieux la gérer à l'avenir. Assise devant lui, je lui fais part de mon état émotionnel, ce qui déclenche une bonne crise de larmes. C'est sous cette forme que ma colère a choisi de se manifester. "La colère, c'est un choix." me dit-il. On peut se laisser affecter par les situations, ce qui est néfaste pour la santé, ou on peut en être témoin sans entrer dans le spectre de la colère. "Comment faire alors ? Comment faire pour ne pas être en colère devant des atrocités, des injustices, et autres horreurs de notre temps ?" le questionnai-je au travers des sanglots.

Choisir l'Amour

Il poursuit : "Quel est l'opposé de la colère ?" Je tentai une réponse : "La joie ?" "Non, la joie, c'est l'opposé de la tristesse. Fermez vos yeux, éteignez votre cerveau et attendez la réponse." Rien ne vient... J'haïs ça quand rien ne vient !

Finalement, une réponse s'impose : l'Amour. "Quoi, l'Amour ? Comment peut-on aimer quelque chose qui détruit ?" lui ai-je demandé. "Attention, il y a une différence entre "aimer" et "amour"... Aimer induit une direction vers une autre personne. Être amour, c'est plutôt se brancher sur la Source et devenir soi-même un réverbère grâce à l'amour qui nous habite. La solution est donc de ne pas se laisser entraîner dans le tourbillon de la colère et de la haine en choisissant de se brancher sur une fréquence beaucoup plus élevée, ce qui servira plus noblement la cause de l'humanité. Là, je comprends !

Cet exposé sur le choix qu'on a me ramène à un passage que j'ai lu récemment dans Nouvelle Terre - L'avènement de la conscience humaine (par Eckhart Tolle, éd. Ariane, 2005). L'auteur parle des gens qu'on qualifierait de contemplatifs (les religieux, les pieux, les spirituels) :

"... ils sembleraient ne pas avoir leur place dans notre civilisation contemporaine. Mais avec la venue de cette nouvelle Terre, le rôle qu'ils ont à jouer est aussi vital que celui joué par les personnes créatives, les personnes d'action et les personnes réformatrices. Leur fonction est d'ancrer la fréquence de la nouvelle conscience sur cette planète. Je qualifie ces personnes de porteuses de fréquence." (p. 260)


Un point de départ

Ainsi, en terminant notre entretien, mon thérapeute me recommande une méditation en trois phases à faire tous les soirs avant de s'endormir :
  1. Remercier pour tout le bon que l'on reçoit de la vie

  2. Demander pardon pour nos propres manquements au cours de la journée

  3. Pardonner aux personnes qui peuvent nous avoir affecté par leurs paroles ou leurs gestes, et ce, en reconnaissant que c'est par maladresse ou par inconscience qu'elles ont agi, et non de manière intentionnellement méchante. Leur pardonner, c'est arriver à les aimer dans leur être profond et c'est aussi retrouver la paix.
Allez, au boulot !

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