vendredi 8 août 2008

Quand le pilier de l'ego cède...

Moi, je suis une femme forte. Toute ma vie, j'ai été formée à l'école des "superwomen". On est capables toutes seules... Ainsi, face aux difficultés du quotidien, aux défis imposés (parler en public, par exemple), aux souffrances nécessaires (comme aller chez le dentiste), tout comme face aux épreuves de toutes sortes, le pilier se tient debout, toujours bien en contrôle de la situation, sans se demander pourquoi. Il le faut, point.

Frappée par un tsunami

Bien que la terre ait passablement tremblé sous mes pieds dans les 18 mois précédants, le tsunami s'est présenté pour moi comme une surprise. D'abord, il y a eu la fin de ma relation de couple de 12 ans avec une rupture douloureuse en janvier 2005, suivie, évidemment, par un déménagement précipité durant les gros froids de l'hiver. Ce changement radical de ma situation allait avoir un impact important sur mon budget et, par le fait même, sur mon rythme de vie.

Neuf mois plus tard, en septembre, je me retrouve à l'hôpital pour une intervention chirurgicale importante relative à la présence d'une masse grosse comme un gros pamplemousse située devant l'utérus. Au sortir de l'opération, on prend le soin de me recommander de me préparer à mourir. "OK, ma vie est en danger, mais je ne laisserai pas les choses aller de cette façon, voyons donc !"

Au lendemain de mon retour à la maison, je reçois un appel de mon patron, un gestionnaire de haut niveau dans une très grande entreprise, qui m'annonce qu'il vient de perdre son poste suite à une restructuration... Et moi, dans tout ça ? Bien entendu, en tant qu'adjointe administrative de ce gestionnaire, je devais m'attendre à voir bouger les choses de mon côté également. Cependant, pendant ma convalescence, il ne pouvait rien m'arriver de fâcheux. Ce n'était qu'au retour que les risques que je perde également mon poste pourraient se concrétiser.

Ainsi donc, six mois plus tard, au printemps de 2006, on ne trouve pas à me relocaliser dans l'entreprise et on me laisse aller moyennant une compensation. Forcée de me remettre à la quête d'un emploi, je réactive mon dossier dans les agences de placement qui me connaissent déjà. La vie est bonne pour moi, car je trouve à me replacer rapidement.

Au cours des mois suivants, des résultats d'examen amènent une autre couleur à mon expérience : une nouvelle masse est apparue dans l'abdomen... on devra procéder à une biopsie qui confirmera la nécessité d'entreprendre une série de traitements de chimiothérapie.

CRASH ! C'est là que la vague est arrivée !

Le pilier s'écroule comme un château de cartes

Devant cette perspective inquiétante, je me sentais totalement anéantie, et ce, pour la première fois dans ma vie. Pourtant, l'année précédente, je dirais même les années précédentes avaient eu de quoi m'ébranler passablement. Pourquoi là, à ce moment-là ? La peur m'est arrivée en plein visage comme un vent de tempête tropicale s'emparant de tout mon corps, s'infiltrant dans chacune de mes cellules, avalant la moindre parcelle d'énergie qui me restait pour lutter. Je ne me sentais plus que comme une grosse boule de gélatine amollie, écrasée par terre, vaincue.

Secouée par de gros sanglots, je sentais mon corps trembler de partout. Qu'allait-il m'arriver ? La chimio allait-elle me réduire à un état quasi végétatif pour les prochains six mois ? Est-ce que j'allais souffrir au point de vouloir mourir ? La maladie allait-elle finir par me bouffer tout rond ? Et mes revenus ? Serais-je forcée de me tourner vers l'assistance sociale, soit la dernière chose que je souhaiterais dans ma vie ? Tant de questions motivées par la peur et l'angoisse, des questions somme toute inutiles, car personne n'aurait pu y répondre... sauf MOI ! Mon moi intérieur... selon ce que je choisissais de faire de cette nouvelle épreuve.

Le moment présent vient à la rescousse

Mon désarroi était si grand qu'il m'a fallu appeler à l'aide : j'ai pris rendez-vous avec ma thérapeute afin qu'elle puisse m'aider à reprendre mes sens, c'est-à-dire à retrouver mon équilibre émotionnel. Après notre séance de travail, elle m'a proposé la lecture d'un guide d'éveil spirituel intitulé : Le pouvoir du moment présent (Eckhart Tolle, éd. Ariane, 2000). Aussitôt plongée dans les premières pages de cet ouvrage, j'ai vite compris le travail que j'avais à faire : me concentrer sur le moment présent. En effet, les inquiétudes appartiennent à un futur qui ne s'est pas encore produit, ce qui fait qu'elles ont de grandes chances de ne jamais prendre forme. Tandis que les regrets et les "j'aurais donc dû" appartiennent au passé, ce sur quoi nous n'avons plus aucun pouvoir puisque c'est du passé.

Dans mes efforts pour rester centrée sur l'essentiel, je faisais régulièrement l'inventaire des bonnes choses qui composaient mon univers présent : "J'ai un bel appartement qui m'apporte beaucoup de bien-être, mon frigo est plein, j'ai une voiture en bon état qui m'assure une certaine liberté, je n'ai pas de dettes et encore un bon coussin à la banque, je suis entourée d'un large réseau d'amis et de connaissances de grande valeur, ma famille est près de moi et disposée à m'offrir tout le soutien dont j'ai besoin, etc."

Avec ces pensées en tête, je pouvais mieux respirer et faire confiance à la vie. Ma foi me portait également, de sorte que je sentais que l'Univers tout entier me soutenait et me guidait à travers mon périple éprouvant. Ce moment présent m'a sauvé la vie !

En conclusion

Voici un passage qui en dit long sur ce cheminement d'éveil face à l'épreuve, quelle qu'elle soit :

« Le problème, ce n’est pas la maladie, c’est vous, aussi longtemps que le mental contrôle les choses. Lorsque vous êtes malade ou invalide, n’ayez pas le sentiment d’avoir échoué d’une manière ou d’une autre, ne vous sentez pas coupable. Ne reprochez pas à la vie de vous avoir traité injustement et ne vous faites pas non plus de réprimandes. Tout cela, c’est de la résistance. Si vous avez une maladie grave, servez-vous-en pour atteindre l’illumination. Tout ce qui peut arriver de « mal » dans votre vie doit vous amener vers cet état. Dissociez le temps de la maladie. Ne conférez ni passé ni futur à la maladie. Laissez-la vous ramener de force dans l’intense conscience du moment présent et observez ce qui se passe. Devenez un alchimiste. Transformez le vulgaire métal en or, la souffrance en conscience, le malheur en une occasion d’éveil. » (Tiré de TOLLE, Eckhart, Le pouvoir du moment présent; Guide d’éveil spirituel, Ariane Éditions inc., 2000, p. 207)

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