lundi 21 juillet 2008

Un toast à la Vie !

J'arrive de mon weekend au lac avec les amis d'enfance (Lire L'été est arrivé ! paru le 5 juin dernier) et en m'en revenant sur l'autoroute 10, je me disais en pensant à cette chronique : "Qu'est-ce que je vais bien leur dire ?" C'est qu'en raison de l'importance que cet événement annuel revêt pour moi et les autres, il est impensable de revenir avec des regrets, de quelque nature que ce soit. Un peu comme le jour de ses noces, tout se doit d'être parfait. Mais ça n'a pas été le cas et je le regrette un peu.

Ciel nuageux au bord du lac
Outre la météo qui a raté son rendez-vous avec la fête, le ciel de ces retrouvailles a été assombri par ma condition physique. Toute la force de ma volonté n'a pas suffi à me donner l'énergie nécessaire pour célébrer pleinement la vie qui s'est installée, l'espace d'un weekend, dans ce petit paradis. C'est vrai que la semaine avait été passablement éprouvante avec un premier traitement de chimio reçu mercredi (lire Nouveau revers, nouveau défi paru le 7 juillet) en plus des difficultés liées à mon problème de constipation (lire Maudite marde ! paru le 16 juillet). Normalement, j'aurais dû passer le weekend à la maison à vivre au même rythme que mon gros chat. Mais quelle mariée raterait ses noces pour une vilaine grippe ? C'était tout simplement impossible; je tenais à y assister, et ce, avec toute mon authenticité malgré l'épreuve.

De belles éclaircies de bonheur
Que la température ou ma condition n'ait pas été parfaite, cela n'a pas empêché le bonheur d'être au rendez-vous. Ce bonheur avait un parfum d'amitié profonde et se manifestait dans la joie réelle qui animait chacun des membres du groupe de se trouver là. Il fallait voir notre ami comptable improviser ses imitations de personnages colorés pour éclater d'un rire sincère et bienfaisant. Que dire des enfants qui s'époumonaient à crier leur excitation à voyager à grande vitesse dans la tripe tirée par la puissante motomarine des proprios. Les "madames", elles, se complaisaient à se raconter leurs dernières aventures tout simplement, tandis que les "monsieurs" s'amusaient ferme rien qu'en reprenant, le temps de cette pause estivale, leur esprit d'adolescents. Quel beau moment de vie !
Un retour difficile
C'est seulement 24 heures finalement que nous avons passées tous ensemble, certains d'entre nous étant arrivés tard le samedi et devant quitter tôt le dimanche. Quant à moi, j'avais hâte de retrouver ma bulle, car j'admets que cette expérience qui, en temps normal, me comble de bonheur est venue jouer dans mes émotions. Me voyant là, parmi eux, souffrante m'attristait beaucoup et suscitait sans doute chez eux de l'inquiétude mêlée d'impuissance. Que pouvaient-ils faire autre que d'être attentifs à mes besoins et à ma douleur ? Bien peu de chose...
En milieu d'après-midi dimanche, sous un ciel menaçant d'averses, c'est le coeur lourd et la larme à l'oeil que mon amoureux et moi avons repris la route pour rentrer. La même route qui nous avait conduits à la maison deux semaines auparavant dans une toute autre atmosphère (lire Nouveau revers, nouveau défi paru le 7 juillet). Je pleurais la cruauté du sort... oui, cet épisode avait quelque chose de cruel et de "pourquoi moi ?"... Mon copain, lui, pleurait sa peine de me voir souffrir, je crois.

De retour dans mon sanctuaire
Il était urgent que je regagne la quiétude de mon sanctuaire et surtout, surtout la plénitude que je retrouve dans mes voyages intérieurs. Tandis qu'en présence de mes amis je ressentais plutôt le manque (car confrontée plus directement à mon incapacité du moment), je savais qu'une douce Présence à moi-même saurait remplir le vide.
Dès mon arrivée, après un bon repas réconfortant (l'appétit est enfin revenu), je me suis plongée dans mes avenues de guérison spirituelle (méditation, lecture, conscience, etc.). L'équilibre a rapidement repris sa place dans mon être ébranlé. Mon gros chat, tout heureux de sortir de son isolement de trois jours, a passé tout l'après-midi à ronronner près de moi.

La vie continue toujours

Mon amie, Lyne, pour souligner la richesse du moment partagé durant ce weekend, a proposé un toast à la vie au début de notre traditionnel souper communautaire du samedi soir. J'étais entièrement d'accord ; la vie au-delà de tout. Peu importe les circonstances de nos vies mouvementées, ébranlées, éprouvées, la vie continue toujours. Ne l'oublions pas, car la vie est plus forte et plus grande que tout. Célébrons-là et laissons-la faire son oeuvre et elle saura bien nous ramener à bon port le temps venu.
Méditation sur la vie
Dans une lecture très inspirante, je suis tombée, comme par hasard, sur ce passage plein d'espoir :
"Nous pourrions expliquer le désordre apparent de l'univers par l'exemple du grain de blé qui doit mourir pour produire. 'Si le grain de blé ne disparaît dans la terre, et ne semble y pourrir, il demeure stérile.' Mais auparavant, la terre, pour être ensemencée, doit avoir été labourée, violentée, brassée, comme le pain, lequel plus il est pétri, plus il est beau. Le mystère de ce petit grain de blé, enfoui au creux de la terre hivernale, plus fort que toutes les ténèbres et tous les frimas, mais sûr de sa victoire, est l'une des plus belles paraboles de la vie. Il est utile de se rappeler cette parabole dans les moments où notre être est mutilé par la vie, la souffrance, les événements malheureux." (Extrait de Simard, Jean-Paul, Pèlerinage aux sources de la vie, éd. Anne Sigier, 2006, p. 261-262)
Vive la vie qui va !


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